Mathilde Laroque, en résidence au Delta début mai, est une artiste pluridisciplinaire qui va au fond des choses. Formée en danse classique et contemporaine, elle a étudié la biologie, s’intéresse à la médiation culturelle et présente ses créations tant sur scène que dans l’espace public ou des lieux alternatifs. Elle travaille depuis six ans sur le danseur de ballet russe Vaslav Nijinski, pionnier de la danse moderne, dont la carrière s’est interrompue brutalement en 1919 quand il a été diagnostiqué schizophrène.
Elle lui consacre un mockumentaire.
« Je suis Nijinski » est en effet un spectacle mockumentaire (NDLR: un savant mélange de fiction et de réalité, un documentaire parodique qui a pour but d’analyser ou de parodier la forme du documentaire en elle-même). Un solo où elle se met en scène et confronte des archives de Nijinski avec les siennes. La danseuse crée un cadre intime avec les spectateurs, leur confiant une partie de son histoire personnelle, jusqu’à sa rencontre avec Nijinski.
Le but de la résidence au Delta : la quatrième étape d’un travail de longue haleine
Après avoir travaillé sur une performance de 20 minutes sur le Saut de l’Ange de Nijinski, d’un point de vue suspension spatiale et temporelle, puis sur un spectacle d’une heure sur une dramaturgie de 50 mots commençant par « s » se rapportant au danseur (schizophrénie, souffrance, santé, soins, scène, succès, sexualité…) et enfin sur une création militante contre les violences faites aux femmes, elle se consacre au quatrième volet de sa création : la violence et l’amour.
Le spectacle abordera la violence mais ne fera pas l’amalgame entre schizophrénie et violence. Il ne parlera pas du tout de la violence de Nijinski.
Ce projet amène Mathilde Laroque à explorer son propre rapport à la folie. Jusqu’ici, elle faisait appel à des personnes extérieures pour récolter des récits et réaliser des installations. Cette fois, elle met en scène son propre récit à travers une création qui mixe lumière, son, vidéo, interview et solo de danse et théâtre.
Un projet non encore abouti mais déjà très bien pensé
Ce projet s’accompagnera d’un livre et d’un jeu de carte destiné à faire découvrir de manière ludique la vie de Nijinski. L’artiste est très attachée à l’aspect intergénérationnel de ce projet, même si le spectacle s’adressera plutôt aux adultes et aux jeunes à partir de quinze ans, parce qu’on y parle d’amour et de violence et parce que c’est l’âge à partir duquel la schizophrénie peut être diagnostiquée.
Et après le Delta ?
L’étape suivante sera une résidence au Quai 41 à Schaerbeek, puis deux représentations devant des programmateurs en vue de fixer déjà quelques dates.
« On aimerait jouer pour la journée internationale de la schizophrénie et organiser des conférences et ateliers autour du spectacle. »
Mathilde Laroque en un seul mot
« Je dirais « médiartiste », parce que ma démarche allie création et médiation, renforcée par des recherches historiques et scientifiques. Je souhaite transmettre une partie de l’histoire de la danse, mais aussi des questionnements sur les sujets tabous que sont la violence, la vie et la mort. »
En savoir plus: made with heART asbl
Conçu et interprété par Mathilde Laroque
Avec la voix off de Serge Mertens, psychiatre du CNP
En collaboration avec Delphine Salkin (Co-mise en scène), Zoé Suliko Tabourdiot (Son et vidéo), Bogdan Zamfir (Voix off de Nijinski), Daniel Lévy (Lumières), Albane Roche (Costume), Valentine Bibot (Régie) et Zoé Budin (Assistante)
Co-production : Centre Neuropsychiatrique Saint-Martin
Avec le soutien de la FWB-Service pluridisciplinaire et transversal de la culture et de la Cocof-service de la danse.
Les accueils en résidence : Espace catastrophe, le BAMP, le Delta, le Quai 41.
Avec l’aide logistique-technique du théâtre Le Rideau de Bruxelles.