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Bob Rugurika: un combat sans frontière

Actualités

20 avril 2023

Le 22 avril,  les équipes du Delta se mobilisent pour l’événement Citizens for Refugees. Dans le cadre de cette journée d’interpellation citoyenne, nous sommes partis à la rencontre du journaliste et réfugié burundais Bob Rugurika qui témoignera de son expérience lors de l’événement.

Qui êtes-vous ?

Je suis Bob Rugurika. Je viens du Burundi et je suis journaliste de profession. Mon travail consistait à réaliser des enquêtes sur des crimes de sang, des crimes économiques et de grosses corruptions qui impliquaient les autorités.

Quel est votre parcours en tant que réfugié ?

La première fois que j’ai connu l’exil, c’était en 2012. J’ai eu de grosses difficultés avec les autorités de mon pays à la suite de mes investigations journalistiques. J’avais publié des résultats d’enquêtes sur le meurtre d’un activiste anticorruption et il s’est avéré que c’était l’entourage du président de la République qui avait assassiné l’activiste. J’ai donc été traqué par les services de renseignement de mon pays. Heureusement pour moi, j’étais en contact permanent avec des diplomates au Burundi et des organisations internationales. J’ai été évacué avec ma femme et nous avons quitté le Burundi à destination de la Belgique. J’étais conscient que mon pays traversait une période très difficile. Je suis donc retourné au Burundi avec l’accord de ma femme. J’ai travaillé dans des conditions très dangereuses. J’ai été plusieurs fois convoqué pour répondre de mes activités journalistiques au parquet de la justice et j’ai été souvent filé par des agents de renseignements. Au mois de janvier 2015, les autorités de mon pays m’ont mis en prison. Le 12 février 2015 , j’ai été libéré provisoirement.

Quel a été le tournant dans votre histoire ?

En avril 2015, Il y a eu de fortes contestations de la société civile, de la population et des politiques suite au 3ème mandat du président. Le régime a réprimé, dans le sang, les manifestations. Quand j’ai vu que les médias étaient détruits, j’ai jugé que je devais quitter mon pays.

Comment avez-vous vécu cet exil du Burundi ?

C’est difficile. Arriver en exil, c’est être en sécurité mais on doit quitter son pays, sa famille, ses amis, son travail et ses biens. J’ai eu beaucoup de mal mais il y a des rencontres toutes empreintes d’humanité avec ces femmes et ces hommes dans le pays d’accueil qui nous reconstruisent. Ce sont ces hommes et ces femmes que l’on rencontre dans le pays d’accueil et qui nous montrent de l’humanisme. Autant j’ai souffert de ce que j’ai vécu au Burundi, autant j’ai trouvé un peu de réconfort en Belgique.

Comment a été l’accueil de la population belge à votre arrivée ?

Je vais donner une réponse très nuancée. Je pense qu’il y a des citoyens belges qui ne sont pas informés sur les réfugiés. Ils pensent qu’ils sont une menace, qu’ils ne sont pas civilisés, qu’ils viennent empiéter sur leurs droits. Ils pensent que ce sont des profiteurs et des fainéants. Ils affichent toujours un regard négatif sur nous.  Il y a aussi cette autre partie des citoyens qui est vraiment sensibilisé à la cause. Elle sait ce qu’est un réfugié et elle le considère comme une personne digne. Nous sommes médecins, journalistes, juristes… Nous sommes des citoyens de bonne foi.

Quelles sont vos attentes par rapport à cette journée du 22 avril ?

Ce sera un événement d’une grande importance en termes de mobilisation pour la cause des réfugiés et en termes de sensibilisation pour le citoyen belge. Mon souhait est de rencontrer des gens qui ont des visions différentes sur la migration.  J’espère rencontrer d’autres réfugiés issus d’autres pays et avec lesquels on pourra surement s’enrichir par nos expériences. Ce sera également une bonne occasion d’échanger avec la population belge, de mieux percevoir ce qu’elle attend de nous.

Retrouver l’interview intégrale de Bob Rugurika en vidéo

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