Fonds Thirionet

Faire son chemin et vivre de sa passion, même en dehors des circuits traditionnels, tel est le défi difficile mais passionnant que s’est lancé Jasmine Daoud.
De passion il est incontestablement question lorsqu’on parle de quelqu’un qui dès l’âge de six ans s’est engagé dans une formidable aventure qui, après avoir abordé la danse classique, la flûte à bec ou le piano, s’est bientôt focalisée sur le chant. Une attirance profonde et sincère pour le travail de la voix, laquelle s’est d’abord manifestée au sein d’un parcours académique traditionnel avant de bifurquer vers un itinéraire très différent qui est aussi un véritable choix de vie.
Courageusement, Jasmine Daoud a, en effet, choisi de fonctionner à l’énergie et à l’instinct, en traçant sa route dans le milieu artistique hors des sentiers battus. Il s’agit là d’une incontestable prise de risque car les filières habituelles sont ici inopérantes. C’est la volonté de toujours aller au contact, à la rencontre des professeurs les plus susceptibles de l’aider d’une manière précise et efficace qui la motive et la conduit à travers vents et marées vers l’objectif ambitieux qu’elle s’est assigné. Les cours de technique vocale et autres Master Classes suivis auprès de Hanna Schaer à Paris ou de Mirella Freni à Modène, les ateliers lyriques et les coachings auxquels elle s’est inscrite ces dernières années, sont des exemples marquants de ce parcours décidément volontaire et atypique.
C’est la scène, incontestablement, qui attire Jasmine Daoud. Ses yeux semblent pétiller et son cœur palpiter dès lors qu’elle évoque la sensation de se retrouver sur les planches, à l’opéra. Une magie, une fascination très particulières se dégagent, en effet, de ce genre musical ô combien spectaculaire et prestigieux. Notre jeune soprano y apprécie par-dessus tout la sensation de communiquer une émotion particulière au public et de communier littéralement avec lui. Le plaisir d’être sur scène, d’incarner des personnages forts, de transmettre des émotions, des sentiments poignants à un public de connaisseurs constitue le sommet de son ambition professionnelle. Or, conjuguer la technique vocale et le théâtre, la présence scénique, le jeu d’acteur, est un véritable défi, qui demande compétence et expérience. Et les opportunités dans ce domaine ne sont pas nombreuses, surtout en dehors des structures d’enseignement classique.
C’est donc au gré d’expériences ponctuelles sélectionnées avec soin que Jasmine Daoud poursuit son objectif, avec une saine obstination. Les premiers résultats tangibles se matérialisent : à l’opéra, bien entendu (des œuvres de Gluck et de Weissenberg à Pise, Livourne, Lucques, Lugano… et Liège en 2008), mais aussi en récital, en concert d’oratorio (le fameux Requiem de Mozart…), ou encore au sein du Chœur d’Opéra de Namur, partenaire privilégié de l’Opéra Royal de Wallonie.
Autant de perles, modestes mais précieuses, déjà disséminées sur un parcours qui ne demande qu’à prendre son envol définitif.

Jean-Marie Marchal