Noémie Dujardin
Spécialité(s) : Arts de la scène ThéâtreAnnée(s) : 2004
A la veille des « Fêtes de Wallonie » à Namur, je rencontre une Noémie Dujardin souriante et disponible, toujours heureuse de revenir dans sa ville natale, d’autant plus que l’heure est à la fête… Depuis l’obtention de la bourse du Fonds Thirionet qui lui a permis de continuer sa formation au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris, Noémie a fait du chemin. Je suis un peu une saltimbanque ; j’aime être une passante qui erre puis m’en retourner. A défaut de jongler avec des balles ou des massues en feu, ce sont les mots que Noémie fait voltiger et circuler dans l’air. Les mots ce sont ceux de Marivaux, de Jean-Paul Sartre, de Ivan Tourgueniev, de William Shakespeare, entre autres, qu’elle fait vivre avec passion sur scène. De vitalité et d’énergie, la comédienne n’en manque pas et rappelle que: les gens au théâtre paient pour voir des gens vivants… On a souvent tendance à trop réfléchir pour le public, à vouloir tout lui expliquer, on lui donne parfois à bouffer en le frottant dans le sens du poil. Au contraire, il faut essayer de le surprendre. Le théâtre n’est ni quantifiable, ni rentable et ne doit pas l’être.
A écouter le plaisir que la jeune comédienne a à parler de son travail, on imagine la joie qu’elle a à monter sur les planches dès qu’elle le peut. Derrière des yeux pétillants, on sent, en effet, une comédienne pour qui, au théâtre, l’instinct et les sensations sont primordiales. C’est vrai, il y a un plaisir à se laisser regarder dans l’instant, mais c’est pour mieux s’oublier, pour pouvoir donner aux gens qui viennent vous voir, le plus de générosité. Il est bon de ne pas savoir quoi penser. Le théâtre est un des rares endroits où on peut essayer de s’ennuyer sans en avoir peur, même si, dans notre société ultra-rapide, quelqu’un qui s’ennuie est en général mal perçu… le théâtre est avant tout un lieu de sensations où l’on peut se laisser traverser par les choses, un lieu de joie au bout du compte.
Pour Noémie, lorsqu’un comédien interprète un texte, il se met au service d’un autre… qu’il s’agisse d’un auteur ou de l’imaginaire d’un metteur en scène. Et tout cela passe par le travail: Le comédien est en quelque sorte un artisan qui travaille un rôle avec les moyens qu’il a: son corps, sa voix, ses perceptions… Noémie décrit le bonheur qu’elle a à répéter : à faire et à refaire toujours puisque chaque moment est unique: La répétition, temps de création d’un spectacle, est un lieu de laboratoire et d’échanges.
Même si une vie de tournée peut être fatigante et parfois pesante, l’amour du métier, elle l’a et le garde. Noémie poursuit: En France, vu la grandeur du territoire, une pièce est en général jouée davantage qu’en Belgique, c’est une chance , même si ne plus avoir de chez soi pour un temps est parfois pénible… Voilà pourquoi j’ai besoin de revenir sur Namur régulièrement… Il y a quelques temps, on a ainsi pu la voir au Théâtre Royal de Namur dans La Cruche cassée de Heinrich von Kleist et il y a de fortes chances de l’y voir à nouveau…
Simon Fiasse, 2010