Nunzio Maugeri
Spécialité(s) : Musique PercussionAnnée(s) : 1999
Générosité est incontestablement le premier mot qui vient à l’esprit lorsqu’on pense à Nunzio Maugeri. Il vit, en effet, sa passion pour la musique de manière particulièrement intense, avec le constant souci de partager, de susciter, de créer. Comme il le dit lui même à propos de ses débuts : j’ai décidé d’initier toutes celles et ceux désireux d’apprendre. Bien vite, des dizaines de demandes se sont manifestées: j’étais lancé ! Voyez comme les choses peuvent être simples !
Pour remplir la mission qu’il s’est assigné, notre homme choisit les percussions : djembé tout d’abord, puis bientôt tout un arsenal dont la description s’apparente à un inventaire à la Prévert: balafon, darbouka, congas, bongos, dununs, tambour berbère, maracas… De quoi illustrer au passage à quel point la percussion est un langage universel, compris, ressenti, vécu au quotidien à travers les continents et les cultures les plus diverses.
Cette ouverture au monde, Nunzio Maugeri l’a vécue personnellement, avec passion, lors d’un séjour en Afrique de l’Ouest, et plus particulièrement au Burkina Faso. L’occasion rare et inespérée de rencontrer des maîtres qui sont non seulement d’excellents techniciens mais aussi des « porteurs de messages », des « passeurs de gués » capables d’ouvrir l’esprit à de nouveaux mondes sonores et de débrider la créativité: Saydou Sanou et Mama Konate. Une expérience des plus enrichissantes, véritable détonateur d’une volonté de créer qui se nourrit désormais à de nombreuses sources, africaines bien sûr mais aussi sud-américaines (samba, merengue et baccata du Brésil, salsa et rumba cubaines ou argentines) et orientales.
Fidèle à son idéal, ce monde sonore et poétique élargi, notre musicien n’a pas voulu le garder pour lui, mais au contraire le partager, le faire goûter à un public aussi large que possible. Pour prêcher la bonne parole, il a choisi un terrain d’application certes très riche mais pas toujours évident à aborder, celui des quartiers que d’aucuns décrivent comme « difficiles », sans doute parce que précisément leur vie culturelle n’est pas suffisamment irriguée… Dès la fin des années nonantes, Nunzio Maugeri travaille donc dans le Quartier des Balances, à Salzinnes, où il devient en 1999 animateur au service de la Maison des Jeunes locale. Il crée notamment un « instrument » formidable, à savoir le groupe de percussion multiethnique « Ritmo del Mundo ».
Avec cet ensemble à nul autre pareil, dont le nom est en quelque sorte un cri de ralliement en même temps qu’une véritable profession de foi, Nunzio Maugeri aborde un répertoire très large et délicieusement métissé, qui va des rythmes de l’Afrique de l’Ouest aux rythmes latinos en passant par diverses références à la culture arabe. Le succès est au rendez-vous, et l’on se presse, petits et grands, pour bénéficier de l’étonnante faculté à transmettre le savoir et l’enthousiasme de ce professeur inspiré. A titre personnel, l’artiste a considérablement élargi sa palette, allant de l’animation et de la pédagogie, à la diffusion sous des formes très diverse: collaborations avec « Amistad », ou dans le cadre de Namur en Mai et du FIFF, intégration au sein du groupe « Luna Nueva » avec lequel il se produit régulièrement en Belgique et en France, ou même projets un peu fous comme celui de créer et d’animer une structure de percussion métallique spécialement conçue pour le salon de l’Auto… Bref, voilà assurément un solide tempérament et un beau musicien, de ceux dont il est plaisant de suivre le parcours tant il réserve des surprises et offre sans cesse de nouveaux horizons.
Jean-Marie Marchal, 2010