Sophie Pestiaux
Spécialité(s) : Musique PercussionAnnée(s) : 1998
Le rythme est, on le sait, un élément des plus essentiels dans le développement de l’être humain. Ce n’est pas pour rien que sa présence agissante est également attestée depuis l’aube de l’humanité dans toutes les occasions où des éléments magiques ou mystiques entrent en jeu, qu’il s’agisse de théâtre, de cérémonies de type initiatique ou de célébrations religieuses, et cela à travers continents et civilisations.
Les instruments à percussion sont bien évidemment les vecteurs idéaux de transmission du pouvoir pénétrant du rythme et de son pouvoir tout à tout moteur ou hypnotique. la diversité des instruments disponibles aujourd’hui dans ce domaine est à la mesure de la longue histoire de l’humanité et de la diversité des sensibilités et des traditions culturelles. De la vibration à peine effleurée au déferlement sonore, la palette est large qui embrasse quantité d’instruments dont le métal, la peau ou le bois apportent une étonnante variété de sensations.
C’est là un monde fascinant, qui attire à lui quantité de jeunes musiciens en herbe. Si la présence des percussions est généralement appréciée à sa juste mesure dans toutes les formes de musiques populaires, la chose est sans doute moins directement évidente dans le domaine de la musique classique. On peut même affirmer que la percussion, au sein de l’orchestre symphonique, souffre d’une image un rien monolithique, incarnée par ces rutilantes timbales, grosses caisses et cymbales maniées par de robustes gaillards au service d’effets spectaculaires et clinquants souvent un rien téléphonés.
A cette vision d’une percussion bodybuildée, Sophie Pestiaux apporte un démenti formel : on peut manier cet instrumentarium apparemment hétéroclite et incarner la finesse même.
C’est à Bruxelles, puis au Conservatoire National de Strasbourg que Sophie Pestiaux a appris à domestiquer tout un univers sonore dont la maîtrise exige de grandes facultés d’analyse, une précision infaillible du geste et un dosage subtil des couleurs. Le moindre excès dans ce domaine peut, en effet, être rédhibitoire, mais la timidité et la mollesse le sont tout autant ! A l’endurance physique propre à ce type d’instruments doit donc se conjuguer une intelligence vive et des réflexes acérés. Une harmonieuse association entre la tête et les jambes, en quelque sorte. Une équation que Sophie Pestiaux a pu visiblement résoudre si l’on en croit ses brillants résultats académiques auxquels ont succédé divers engagements à l’Orchestre de Chambre de Genève et au prestigieux Orchestre de la Suisse Romande, deux des meilleures phalanges de ce qui est devenu le pays d’adoption de notre musicienne.
C’est toutefois dans un autre domaine que notre Sophie Pestiaux a , semble t-il, trouvé son plein épanouissement : l’enseignement. Depuis plusieurs années, en effet, les élèves se pressent à ses cours, au Conservatoire comme au sein de structures privées parmi lesquelles une école devenue aujourd’hui communale dont elle assure la direction. C’est donc au contact des jeunes talents, dans le plaisir de communiquer son savoir et sa passion, que Sophie Pestiaux a trouvé la concrétisation d’un parcours musical riche et exigeant. Quant à son activité en concert, c’est désormais à la tête de son propre ensemble d’élèves – cuivres et percussions -, qu’elle l’envisage, avec un enthousiasme croissant. Je transmets ma passion à un tas d’enfants et cela me comble énormément précise t-elle. Tout est dit…
Jean-Marie Marchal, 2010