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Le drapeau de Yoann Van Parys
Le drapeau de Yoann Van Parys
Dans le cadre du projet Sambre 2030, le Delta a demandé à dix artistes plasticiennes et plasticiens de créer un drapeau dont le motif, blason ou fonctionnement se ferait l’écho de ce thème à la fois fluvial et social. Sambre 2030 est un projet qui vise à doter la rivière d’une personnalité juridique.
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Le drapeau de Yoann
Sur cette image, on aperçoit des fragments de la Déclaration Universelle des Droits de la Terre Mère, qui résulte des travaux menés durant la Conférence Mondiale des Peuples contre le Changement Climatique et les Droits de la Terre Mère, organisée en avril 2010 à l’initiative du président bolivien de l’époque Evo Morales.
Cette déclaration est réduite en… confettis. Les 14 années qui ont suivi nous le confirment. Néanmoins, ces confettis ont quelque chose à dire. On distingue des trèfles, des lauriers, des dauphins, des lapins, des chevaux… Ils protestent. Ils se sont fait tatouer leurs revendications sur le corps. Ils persistent et signent. Cela leur tient à cœur. Ils se rassemblent, font une manifestation.
Sur cette image, on aperçoit une main. Cette main semble très grande par rapport à ce qu’elle porte : des petits animaux et des petites plantes. Il y a un écart d’échelle (avec la nature, l’être humain a des problèmes de vue). On peut songer à la main du narrateur omniscient. Celui qui se tient au-dessus du récit, et qui est supposé en connaître les tenants et les aboutissants. Il est empa- thique notre narrateur. Il protège ses hôtes dans le creux de sa main. D’une protection, ses hôtes en ont bien besoin. La situation fait un peu pitié là en bas. Mais il peut cependant aussi sembler perplexe, notre narrateur : il ouvre la main, et regarde ce qui a dedans avec stupeur et incompréhension, comme s’il voyait une chose pour la première fois : mais… qu’est ce que c’est ce que ça ? La main géante fait un peu pitié, dans sa maladresse. Qui, de Gulliver ou des lilliputiens est le plus pathétique ? A moins que la main ne soit une sorte d’Arche de Noé ? Après tout, elle est recourbée comme une embarcation cette main. Et à bord on compte bien deux paires par espèce. Ou presque. Tout comme l’Arche, cette main est livrée aux quatre vents : on craint que l’instant d’après, un souffle balayera tout. On se rassure comme on peut : tout le monde est encore là pour l’instant.
Quand il s’agit de militantisme, on lève toujours la main. On serre le poing. Cette main semble mimer le potentiel drapeau sur lequel elle aboutirait. C’est un jeu de rôles. Nous mettre à la place des animaux et des plantes, aussi, est un jeu de rôles.
Quand on va au bord d’une rivière et qu’on veut observer l’eau, on fait de sa main un récipient qu’on plonge dans le courant. Prenant garde d’ouvrir les doigts, on prélève un peu de liquide et on l’approche de notre regard pour y voir de plus près. C’est un échantillon, dans laquelle on peut voir la vie grouiller : des tas de petits animaux sont là. Des tas de petites plantes.
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