Znamya

Mourmansk, une ville dans le nord de la Russie, est plongé dans la nuit polaire pendant plusieurs mois de l’année. Inspiré par une histoire de satellite du temps de l’URSS, je suis parti vivre la nuit avec les russes de Mourmansk. 

Dans les années 90, une équipe de scientifiques russes utilise un miroir spatial géant pour refléter la lumière du soleil afin d’éclairer le Nord de la Russie durant la nuit polaire. Ça a marché pendant quelques secondes. Le projet s’intitulait « Znamya ». 

En 2021, le gouverneur de la ville de Mourmansk promet à ses habitants la construction d’un soleil artificiel au-dessus de sa ville, ressuscitant ainsi les vieilles ambitions de Znamya, mais tout comme lui, ces annonces populistes semblent plus proches d’une énième utopie que de la réalité. 

Ces expérimentations pourraient être perçues comme des projets farfelus destinés à sombrer dans l’oubli, mais également comme des récits édifiants, reflétant l’état d’esprit moderne. Ces histoires témoignent également de l’importance que la Russie accorde à ses territoires du Nord, notamment la région de Mourmansk, reflétant ainsi une volonté de coloniser les espaces, y compris ceux au-delà du cercle arctique. 

Porté par une curiosité documentaire et attiré par les mystères de cette région, je me suis rendu à Mourmansk en 2021 et 2022. Mon objectif était de rencontrer celles et ceux à qui l’on promet un soleil artificiel depuis trente ans. Les habitants vivant dans l’obscurité de Mourmansk semblent être intimement liés à la nuit et indirectement au destin de leur pays.

Je voulais vivre la nuit et m’y abandonner complètement avec les personnages qui vivent dans l’obscurité. L’obscurité de la nuit polaire ne désigne pas un temps ou une période, mais plutôt une façon de voir. La nuit agit comme un filtre et ne révèle que l’essentiel. Elle nous confronte aux mystères et aux rêves de celles et ceux rencontrés à la veille d’un conflit. 

Biographie 

Aurélien est photographe, basé à Bruxelles. Il s’intéresse aux histoires qui tendent à documenter les événements en cours en Europe de l’Est, ce qui l’amène à travailler en Russie, en Pologne et plus récemment en Arménie et en Géorgie, ou il initie un nouveau projet en 2024. Son travail a été exposé au Musée de la Photographie de Charleroi, à Contretype, au festival Les Boutographies, à la Galerie VU’ et au Prix Maison Blanche. Il participe également à un programme de mentorat mené par l’Agence VU’ et le Fonds Regnier pour la création en 2023. 

📍 SUR INTERNET

aureliengoubau.net

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