Fabian Balthazart
Spécialité(s) : Musique VioloncelleAnnée(s) : 2009
L’homme est précis et méticuleux. Il aborde visiblement son travail avec une extrême concentration. C’est qu’il en a le profil. Jugez plutôt : il a obtenu un Premier Prix de Solfège, un Certificat final d’Analyse musicale et une Licence en Écriture et Théorie musicale, option écritures classiques au Conservatoire Royal de Bruxelles.
Actuellement, il effectue un Doctorat en Art et Sciences de l’Art en co-tutelle entre le Conservatoire Royal de Bruxelles et l’Université Libre de Bruxelles ainsi que le Centre de Musique Baroque de Versailles. Son objectif est la défense d’une thèse de doctorat en Art et Sciences de l’Art sur la restauration de musique de la première moitié du XVIIIe siècle, en particulier des compositeurs Nicolas Bernier et Henry Madin dont les partitions sont conservées à la Chapelle Royale de Versailles.
Doit-on applaudir ou s’effrayer à la lecture d’un tel parcours ? Doit-on redouter l’improbable rencontre avec un alpiniste de l’intellect, engoncé dans le costume du vieux bibliothécaire poussiéreux si bien croqué dans les bandes dessinées de François Schuiten ? Que nenni ! Il se dégage de Fabian Balthazart une incontestable bonhomie. C’est que l’homme sait admirablement communiquer son enthousiasme, une vertu qu’il cultive aussi au quotidien dans son métier de professeur de violoncelle et d’animateur au service des Jeunesses Musicales.
Les défis auxquels il s’expose sont pourtant bien réels, car il fait ici œuvre de pionnier, étant le premier de cordée d’une nouvelle spécialisation universitaire à peine née. Rien de pontifiant pourtant dans son approche des difficultés d’une mission complexe abordée sur le ton d’une chasse au trésor à la Indiana Jones.
Il faut dire que ce mélange de compétence et de curiosité insatiable est fort utile à notre lauréat : la reconstitution musicale s’apparente bien entendu au travail des restaurateurs d’art, mais il se complique davantage encore lorsque des pans entiers de l’œuvre, des parties instrumentales complètes, sont portées disparues du fait des aléas de l’histoire et des habitudes d’édition au XVIIIe siècle…
La restauration prend alors les accents d’une reconstruction : il convient d’abord de sentir, de ressentir, de deviner, de développer l’instinct de l’explorateur. Il est indispensable, ensuite, de confronter les intuitions à un appareil critique rigoureux et hautement scientifique, car en effet toute musique surgie du passé s’inscrit précisément dans une époque et une esthétique dont il faut savoir appréhender la moindre nuance.
Travail de fourmi, certes, mais quel bonheur de voir se dessiner les contours de l’œuvre sous ses doigts, de constater que ses intuitions se matérialisent avec la précision de l’horloger et la clarté du cristal. L’œil de Fabian pétille, son regard s’illumine tel celui de l’alchimiste frémissant de découvrir enfin la formule secrète…
C’est ce mélange de compétence, de simplicité et de joie sereine qui fait ici merveille. L’ombre tutélaire du célébrissime Château de Versailles plane déjà sur le résultat de son travail, qui sera bientôt interprété par le Chœur de Chambre de Namur, « Les Agrémens » et Guy Van Waas, à Mons, mais aussi dans la chapelle privée de Louis XIV. Un parrainage des plus prestigieux !
Il existe encore sur la carte au trésor de la musique ancienne de nombreuses épaves et îles vierges à explorer, à la recherche des plus belles pépites. Notre savant aventurier, on le sent, est déjà prêt à hisser les voiles !
Jean-Marie Marchal, 2010