Flora Hubot
Spécialité(s) : Arts plastiques AudiovisuelAnnée(s) : 2013
Nietzsche a écrit dans Humain, trop humain en 1886, « Un être en devenir, ne saurait se réfléchir en image fixe. » Le parcours artistique de Flora Hubot s’inscrit dans ce concept de pluralité.
Très tôt, elle emprunte les sentiers de l’art. Ceux-ci la mèneront de Lustin (village mosan) à Buenos Aires. Deux escales importantes forgeront sa passion, des études artistiques à l’IATA (Namur) et une formation à Finalité peinture en deux étapes à l’ERG (Bruxelles), séparées l’une de l’autre par un long séjour en Argentine.
Ce premier contact avec Buenos Aires entre 2011 et 2013, lui permet de découvrir ses racines maternelles et l’entraîne dans un voyage d’investigation artistique au sein de l’atelier du plasticien Diego Bianchi. Ce workshop sera le catalyseur de la série Papelitos. Celle-ci s’inspire des affichettes publicitaires des prostituées de Buenos Aires. À son retour en Belgique, elle termine son Master et propose le projet Drap-peau où elle met en scène le corps et son enveloppe épidermique. Elle interroge la représentation et l’absence de la figure humaine en associant des corps peints de sportifs avec de grandes surfaces de papiers imbibés d’encres acryliques aux nuances évanescentes. La métaphore du temps qui passe et qui entraîne inexorablement l’humain vers l’oubli nous interpelle sur l’éphémère existence de l’homme. Lors d’un second voyage en Argentine, pour lequel le Fonds Thirionet intervient, Flora Hubot ancre ses projets à La Fabrica, espace pluriculturel au cœur de Buenos Aires. Là, en résidence d’artiste, elle développe et confronte son propos au regard critique et constructif du plasticien José Alberto Marchi. Si le temps est un facteur clé du travail de Flora Hubot, l’espace l’est tout autant. Cette capitale sud-américaine devient son terrain de flânerie et d’observation. Elle aime aligner son pas dans le rythme de la ville. Les espaces publics deviennent des cimaises à ciel ouvert et offrent aux passants l’aspect interactif des œuvres de la jeune artiste. Les papiers sur lesquels elle peint sont greffés aux murs de la ville. Les corps tracés à l’encre et à l’acrylique épousent la peau des murs. Et, comme celle-ci, ils se désagrègent. Cette métamorphose est photographiée et archivée tel un journal de bord, chronique du passage de l’artiste dans le tissu urbain. La réalité photographique mémorise cette dimension sensorielle de la disparition.
La pensée artistique de Flora Hubot ignore la rigidité. Si la peinture occupe une large place dans ses réalisations, l’artiste privilégie aussi le décloisonnement des genres. En s’ouvrant à la transdisciplinarité ( vidéo / son / performance ), elle s’affirme en tant que plasticienne du XXIème siècle.
Catherine Charlier