Une soirée placée sous le signe d’un jazz qui groove, un jazz frais, bien dans son époque, aux influences multiples, pratiqué par deux jeunes invités au son déjà très mature et personnel.
Wajdi Riahi Trio :
Essia, le nouvel album de Wajdi Riahi trio, est un maillage délicat de tissus,éclatants, souples mais aussi épais : un travail d’artisan, à la fois subtil et robuste. Le lyrisme de Wajdi se révèle au fil des morceaux, dont chacun est un petit écosystème singulier. Ils constituent in fine un tout cohérent, à la manière d’un recueil de nouvelles.
Si le premier album, Mhamdeya, est empreint de nostalgie, ce deuxième opus nous parle d’un cheminement entre les deux horizons du pianiste : Tunis et Bruxelles. Le Stambeli, tout comme la musique Gnawa, font partie intégrantede l’album Essia. L’architecture organique de ces rythmes africains et nord-africains s’y confond avec l’étoffe complexe et dense du Jazz.
Le trio est à la fois virtuose et poétique, touchant d’un même mouvement le sol et les cieux. La batterie de Pierre Hurty se distingue par sa précision et son dynamisme, naviguant avec l’assurance et la sérénité propres aux rythmiciens émérites. La contrebasse de Basile Rahola, dont le son rassurant rappelle celui de Charlie Haden, nous surprend aussi par la finesse des instants suspendus de ses silences choisis.
Quant à Wajdi Riahi, il nous offre, en plus de la course délicieuse et maîtrisée de ses doigts passant du Piano au Rhodes, son sifflement et sa voix. Le musicien voyage entre les mélodies libres et les chants arabes, révélant une part plus vulnérable et fragile de sa personnalité artistique. Cela enveloppe le répertoire d’un duvet chaleureux et doux qui tranche remarquablement avec le son des Krakebs qui résonnent à d’autres moments.