Mer Méditerranée: entre cimetière et espoir

Missions de sauvetage en mer Méditerrannée : quelles images transmettre ? Pendant six semaines, en mars 2024, Johanna de Tessières a rejoint l’équipage humanitaire de l’association SOS Méditerranée.

Mer Méditerranée, le 9 avril 2024. L’Océan Viking a secouru plus de 450 personnes. Dans quelques heures, le navire accostera en Italie et les naufragés seront pris en charge par les autorités. 

C’est le début d’un long processus. Je sais qu’il sera difficile. L’arrivée en Europe n’est pas la fin de la route, c’est le début d’une autre. Mais ce soir-là, sur cette mer cimetière, on danse. À droite, il y a Amin et, à sa gauche, son petit frère de 14 ans. Tous deux ont été détenus des mois par des trafiquants dans un grand entrepôt, sans lumière. Jusqu’à ce matin-là, où on leur a annoncé : « C’est aujourd’hui que vous prenez la mer.» Amin tentait la traversée pour la deuxième fois. « La première fois, les garde-côtes libyens ont tiré sur notre embarcation, elle a pris feu. La moitié des gens sont tombés à l’eau. Ils sont morts », nous a-t-il raconté. Amin sera emprisonné et torturé, puis expulsé vers l’Égypte. Il a retenté sa chance, avec son petit frère. « Notre famille est très pauvre, elle compte sur nous. » Mon cœur se serre à l’idée de l’accueil que leur réserve l’Europe.

Biographie

Photojournaliste, membre du Collectif HUMA, Johanna de Tessières collabore avec des ONG et des médias sur des sujets liés aux droits humains : l’égalité des genres (What the Foot ?!, primé en 2019), la résilience des personnes exilées (#Je suis Humain, avec Amnesty International) ou encore le sauvetage en mer des personnes migrantes (SOS Méditerranée, 2024). 

Habituée des zones de conflit, elle a documenté le génocide des Yazidis en Irak par Daech et l’usage du viol comme arme de guerre en RDC. Parallèlement, elle anime des ateliers d’éducation aux médias à la maison des cultures de  Molenbeek, alliant photographie et sensibilisation. 

📍 SUR INTERNET

https://www.collectifhuma.com/