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Le drapeau Lucas Gicquel

Le drapeau Lucas Gicquel

Dans le cadre du projet Sambre 2030, le Delta a demandé à dix artistes plasticiennes et plasticiens de créer un drapeau dont le motif, blason ou fonctionnement se ferait l’écho de ce thème à la fois fluvial et social. Sambre 2030 est un projet qui vise à doter la rivière d’une personnalité juridique.

Le drapeau de Lucas, « Nouvelle Forêt »

Au fil des courbes de la Sambre, on devine la mutation qui s’opère.
Les dernières traces d’un long passé industriel qui ont marqué la terre et transformé les paysages s’effacent doucement devant la nouvelle forêt qui grandit.

La Sambre agit alors comme un guide, un chemin, un passage temporel qui nous invite à retracer la mémoire des lieux, de ceux perdus et de la transformation de ceux encore existants. Ce drapeau se veut comme une archive visuelle et narrative de la transition et l’évolution de ces espaces, entre passé, présent, futur. Il permet de questionner nos origines et notre place dans la transition de nos milieux de vie, notre rapport à nos habitats et nos possibilités d’habiter.

Chaque élément visuel qui compose cette œuvre est directement inspiré par des lieux existants, tous présents en bords de Sambre, sur sa portion qui traverse Sambreville. Tous représentent la mutation de ces territoires et des nouveaux enjeux liés à ces paysages.

La figure qui domine le drapeau est celle du terril de Bonne Espérance num2, situé à Moignelée : Témoin silencieux du passé minier de la région et de la profonde transformation du paysage par l’activité humaine. Aujourd’hui, ses pentes sombres se garnissent de bouleaux, arbres résilients, habitués des sols pauvres et annonciateur de la nouvelle forêt qui pousse. Ses creux abritent de nouveaux étangs autour desquels se développe une riche et nouvelle flore.

Les éléments visuels qui entourent le terril sont tous inspirés du passé industriel de la région. On y retrouve une tour de charbonnage, inspirée de celles anciennement présentes sur les sites miniers de Tamines et Moignelée. On peut voir également, le bâtiment des glaceries Saint Gobain, situées à Auvelais, gigantesque site industriel en transformation et dont les cheminées sont immanquables depuis les bords de Sambre.

Un œil embrasé domine la composition et laisse couler ses larmes le long du drapeau. Il est le témoin des atrocités commises dans la région pendant la guerre 14-18, notamment à Tamines, où est situé, place Saint Martin, le monument aux fusillés. Cet événement a profondément marqué l’histoire de la région. Aujourd’hui encore, les larmes et les flammes sont présentes sur le blason de Sambreville.

Sur le drapeau, si l’on suit le parcours des larmes qui tombent de l’œil, on passe de la même manière que la rivière, par une composition qui s’inspire des ponts enjambant la Sambre. Les larmes se transforment alors en graine puis en feuille de bouleau, symbolisant à nouveau la transformation de ces territoires et de la nouvelle forêt qui s’annonce.

De part et d’autres de la graine de bouleau au centre de la composition, sont représentés deux lieux qui eux aussi, agissent comme des passages temporels qui nous ramènent dans le passé industriel de Sambreville. D’abord à droite, l’entrée de la Rue de Farciennes, située à Moignelée. Ancienne rue qui menait au charbonnage de Bonne Espérance, elle est aujourd’hui complètement envahie et reconquise par la forêt. Si l’on s’engage au travers, on devine les vieux pavés et les traces d’anciens bâtiments industriels. Quand on arrive au bout de la rue en longeant le terril de Bonne Espérance num1, on trouve alors un ancien bâtiment faisant partie du site minier. Complètement en ruine et prêt à s’effondrer, son entrée béante, nous invite à faire un saut dans le temps.

La rivière Sambre est représentée dans la composition par la courbe orange qui s’engage dans le cœur du terril. Tous les éléments qui la borde sur le drapeau, sont présents sur ses rives. Sur sa gauche dans la composition est représentée la noue de Moignelée, ancien bras de Sambre transformé en étang et aujourd’hui zone protégée natura 2000 que l’on peut retrouver aux pieds du terril de Bonne Espérance num1. Cette zone protégée symbolise les nouveaux enjeux environnementaux de ces paysages et les problématiques futures liées à la préservation de ces espaces.

Enfin, en bas à droite du drapeau on peut voir un bouleau enflammé. C’est bien cet arbre qui a inspiré la création de cette œuvre, tant il représente la mutation de l’environnement et l’histoire de cette région. Les bouleaux poussent sur des sols acides et pauvres, ils s’invitent sur les flancs des terrils et sont les premiers arbres à la (re)conquète des landes, les premiers annonciateurs de la future forêt. Depuis toujours ils symbolisent la renaissance et partout sur les bords de Sambre on peut voir leur présence annonciatrice d’un renouveau écologique. Arbres premiers, ils garantissent la protection des jeunes pousses et participent à l’apparition de forêts pérennes. Pourtant, malgré sa grande résilience, le bouleau est un arbre qui supporte mal les changements de températures. Il est donc en danger face au réchauffement climatique. Il symbolise alors les grands enjeux écologiques futurs des nouvelles générations. Le monde industriel que nous connaissons est aussi né de ces mines et terrils. Aujourd’hui, sur leurs pentes et dans leurs creux, se développent de nouvelles forêts et de nouvelles possibilités. Auront-elles le temps de s’épanouir ?

« Je tiens à remercier les personnes rencontrées à Sambreville qui m’ont permis de découvrir leur ville et ses histoires. Les lieux représentés ont tous été visités sur leurs conseils. »

→ Découvrez l’ensemble du projet et les autres drapeaux ici.